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Dans l'écosystème de la santé et de la sécurité au travail, deux acronymes reviennent constamment : SST (Sauveteur Secouriste du Travail) et DUERP (Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels). Souvent perçus comme deux obligations distinctes, ils sont en réalité les deux faces d'une même pièce : celle d'une culture de prévention efficace. Le DUERP est la stratégie sur le papier, le SST en est l'acteur humain sur le terrain.

Comprendre comment les articuler n'est pas seulement une question de conformité, c'est la clé pour transformer une simple obligation légale en un système de sécurité dynamique et performant. Comment votre analyse de risques peut-elle et doit-elle nourrir votre dispositif de secourisme ? C'est ce que nous allons voir.

Le DUERP : la cartographie de vos risques

Le Document Unique d'Évaluation des Risques Professionnels est le point de départ de toute démarche de prévention. Obligatoire pour toute entreprise dès le premier salarié, ce document n'est pas une simple formalité. C'est le résultat d'une analyse approfondie visant à identifier et classer tous les risques auxquels vos collaborateurs sont exposés (chutes de hauteur, risques chimiques, troubles musculo-squelettiques, etc.).

Mais son rôle ne s'arrête pas à l'identification. Pour chaque risque, l'employeur doit définir des actions de prévention concrètes. Et c'est précisément ici que le lien avec le SST se crée.

Le SST : l'acteur de terrain de la sécurité

Le rôle du Sauveteur Secouriste du Travail est souvent réduit à sa capacité d'intervention en cas d'accident. S'il est en effet formé pour réaliser les gestes de premiers secours, sa mission est bien plus large. La formation sauveteur secouriste du travail lui confère une double compétence fondamentale :

  1. Intervenir en cas d'urgence pour protéger la victime et alerter les secours.
  2. Prévenir les risques en identifiant les situations dangereuses et en participant activement à la démarche de prévention de l'entreprise.

Le SST est donc un observateur privilégié, une sentinelle capable de faire le lien entre les risques théoriques et la réalité du terrain.

L'articulation : comment le DUERP guide votre dispositif SST

Votre DUERP n'est pas un document à archiver dans un classeur ; c'est votre principal outil de pilotage pour dimensionner votre dispositif de secours.

1. Justifier et dimensionner le besoin

Le Code du travail impose la présence d'un SST dans les ateliers où sont effectués des travaux dangereux. Votre DUERP est précisément le document qui identifie ces travaux. En analysant la gravité et la fréquence des risques listés, vous pouvez non seulement justifier la nécessité de former des SST, mais aussi déterminer leur nombre et leur répartition. Un entrepôt avec un risque élevé de chutes et de heurts avec des engins de manutention nécessitera une densité de SST plus importante qu'un open-space de bureaux.

2. Orienter la formation et les compétences

L'analyse des risques vous permet d'aller plus loin. Si votre DUERP met en évidence un risque majeur d'hémorragie (utilisation de machines coupantes) ou de brûlure chimique, vous pouvez insister, lors des formations de recyclage (MAC SST), sur des cas concrets et des simulations liés à ces dangers spécifiques. Le SST sera ainsi mieux préparé aux accidents les plus probables dans votre entreprise.

3. Le SST, un outil d'amélioration continue du DUERP

La boucle est vertueuse. Formé à la prévention, le SST devient un contributeur essentiel à la mise à jour de votre Document Unique. Grâce à ses observations quotidiennes, il peut :

  • Repérer des risques non identifiés ou sous-évalués.
  • Faire remonter des situations dangereuses (une machine dont le capot de sécurité est défaillant, une flaque d'huile récurrente...).
  • Proposer des améliorations concrètes pour réduire les risques à la source.

En conclusion, le DUERP et les SST ne fonctionnent pas en parallèle, mais en symbiose. Le DUERP identifie les dangers et définit le cadre ; les SST, informés par cette analyse, agissent sur le terrain pour secourir et prévenir. Articuler ces deux piliers, c'est s'assurer que votre politique de sécurité n'est pas seulement conforme, mais qu'elle est vivante, pertinente et portée par les acteurs clés de votre entreprise. C'est passer d'une logique de réaction à une véritable culture de l'anticipation.